EXPOSITION

Mémoire alterée

Les avancées dans le domaine de l’intelligence artificielle sont aujourd’hui considérables. Les transhumanistes défendent la théorie de la singularité technologique qui constate que les progrès atteindront une vitesse que l’Homme ne pourra plus assimiler dans un futur proche. Ray Kurzweill, directeur de l’ingénierie chez Google, affirme que dans 30 ans, les hommes pourront télécharger leur esprit, numériser leur cerveau.

Science-Fiction ou pas, notre ère est bel et bien devenue celle du Big Data. On ne scanne plus seulement nos archives ou documents, mais on stocke nos collections complètes, notre Patrimoine est digitalisé, des villes entières sont numérisées. Toutes nos données personnelles, civiques et biologiques sont disponibles sur les serveurs ou sur divers matériels de stockage.

Mais avant de vouer une confiance aveugle à la Machine, ne faut-il pas rester lucide sur les dysfonctionnements actuels des technologies ? Les opérations de numérisation n’excluent pas la récupération de données erronées, la rencontre d’artefacts ou autres bugs.

Sébastien Hildebrand s’empare de cette esthétique de l’erreur numérique pour nous interroger sur le devenir et la pérennité de ces données. Grâce aux archives familiales et en retraçant l’histoire de son grand-père, il rend tangible cette idée de défaillance numérique.

Toiles, dessins, photographies, vidéos, c’est à travers divers médiums que cette matérialité s’exprime. Il travaille la plasticité de ce matériau, le glitch, en revisitant une histoire préexistante, en modifiant sa forme initiale.

Il offre alors une réflexion sur l’aspect modulable de toute information numérique. Il le fait en retrouvant un geste manuel et dans une temporalité propre à l’Homme. Les souvenirs sont là, un peu flous, altérés par le temps, remplacés par l’urgence quotidienne. Mémoire Altérée propose un arrêt sur image d’un passé à la mémoire corrompue.

 

Sébastien Hildebrand

Malgré la diversité de ses pratiques, Sébastien Hildebrand reste fidèle à une démarche récurrente, celle de la fabrication des images; avec ce questionnement permanent du rapport entre l’homme et la machine. Il considère toujours ses réalisations comme le fruit d’un travail en binôme. La machine impose des contraintes que l’humain s’efforce de suivre en y mêlant une réelle implication physique et temporelle. En suivant scrupuleusement un protocole infligé par l’ordinateur, la promesse est faite d’un résultat sans faille. Mais, appliqué par l’homme, le procédé établi par la machine n’exclut pas le risque zéro. Les nouvelles technologies sont donc très présentes dans sa pratique plastique. La machine peut y être utilisée comme simple outil de préparation ou encore être composante entière d’une pièce intégrée dans l’Hybrid Art. Le virtuel devient alors tangible, et ses protocoles concrets.

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