EXPOSITION
De cette définition « clinique » empruntée au vocabulaire artistique de Kosuth, les artistes Malevitch, Rodtchenko, Newman, puis Rothko, Reinhardt, Klein, Manzoni, Fontana, Boetti, et enfin Ryman et Soulages, ont tous souhaité remettre en cause les manières traditionnelles d’envisager la création artistique.
D’abord substantif, le terme devient au début du vingtième siècle un genre au même titre que le paysage ou le Ready-Made.
JonOne pour l’exposition « Mes Monochromes » nous invite à une toute autre interprétation du genre.
Son monochrome à lui est à l’intérieur, il va, loin de la définition littérale, imprimer sur toile toutes les touches de son histoire, toutes ses couleurs, tous les stigmates de ses écorchures depuis ses 17 ans dans les rues de Harlem. Il va les truffer de références, souvent cachées, parfois volontairement apparentes, mais toujours personnelles et intimes. C’est comme une rétrospective entièrement reproduite sur chacune des toiles de l’exposition.
Telle une logique qui s’opère à la façon d’un kaléidoscope dont Claude Lévi-Strauss disait qu’il contient des bribes et des morceaux, au moyen desquels se réalisent des arrangements structuraux, JonOne nous donne une nouvelle fois l’illustration concrète, symbolique, de la façon dont on peut créer quelque chose de nouveau par un simple réagencement de ce qui existait déjà auparavant.
Il nous propose sa monochromie, sa couleur blanche, celle qui se définit aussi comme la couleur obtenue en superposant la lumière de toutes les couleurs.
Il nous irradie.

Jonone
John Andrew Perello alias JonOne est né en 1963 à New York. Il commence le graffiti à la fin des années 70 en écrivant son nom dans la ville et sur les rames de métro. « Ce qui m’a vraiment amené au tag a été de voir les autres peindre des graffitis dans toute la ville” C’est à cette époque qu’il rencontre A-One qui avait l’habitude de traîner avec Jean-Michel Basquiat. « A-one était le lien entre la rue et le monde de l’art. Il voyageait en Europe et revenait avec beaucoup d’argent, simplement grâce à son art. J’écoutais ses récits de voyages et mes yeux brillaient d’envie », poursuit-il. En 1984, Jon fonde le groupe 156 All Starz, numéro de sa rue. Il devient alors Jon156 puis JonOne. En 1985, JonOne commence à peindre sur toile en s’entêtant à reproduire l’élément fondateur de son style : la vision d’une rame de métro graffée engendrant des traînées de couleurs avec la vitesse. Ce qui distingue JonOne des autres artistes graffiti est précisément son attention apportée à l’agitation et au mouvement de la couleur plutôt qu’à la figuration.